La formation professionnelle
1. Le dispositif légal
La participation obligatoire des employeurs
Le
plan de formation de l'entreprise
2. Le congé
de formation
Le congé individuel
de formation
Le bilan de compétences
La
validation des acquis de l'expérience
3.
Pour aller plus loin...
Webographie
et bibliographie
La formation professionnelle
continue a été véritablement organisée en France par
la loi du 16 juillet 1971 dans le cadre de l'éducation permanente. Cette
loi fondamentale a fait l'objet de nombreuses et importantes améliorations
en élargissant les conditions d'ouverture, les contenus et la rémunération
du droit au congé de formation.
1. Le dispositif légal
Le
système français de formation professionnelle continue s'articule
autour de deux axes : une participation financière des employeurs et une
organisation de stages de formation dans le cadre du plan de formation de l'entreprise.
La
participation obligatoire des employeurs
L'obligation
légale de formation se traduit par une dépense obligatoire. Cette
dépense obligatoire peut se faire soit sous la forme de financement d'actions
de formation soit sous la forme d'un versement libératoire.
Le
taux de cette participation, pour les entreprises de plus de 10 salariés,
est de 1,5 % de la masse salariale brute qui se répartit de la façon
suivante :
|
Contributions |
Utilisation |
1,5
% | 0,90
% (ou 1 % pour l'entreprise non assujettie à la taxe d'apprentissage) |
Plan de formation : - versement à un Organisme Paritaire
Collecteur Agréé (OPCA) - organisation d'actions de formation
(interne ou externes) ou de validation des acquis de l'expérience (VAE)
des salariés Autres versements libératoires (versements pour
la formation des demandeurs d'emploi, taxes parafiscales...) |
0,40
% (ou 0,30 % pour l'entreprise non assujettie à la taxe d'apprentissage
| Alternance :
- Versement à un Organisme Paritaire Collecteur Agréé (OPCA)
- Accueil de jeunes en contrat de qualification, contrat d'orientation et contrat
d'adaptation et imputation de sommes forfaitaires sur le budget |
0,20 %
(ou 0,10 % minimum pour l'entreprise couverte par un accord étendu sur
le capital de temps de formation) | Congé
individuel de formation et congé de bilan de compétence :
- Versement à un FONGECIF (cas général) ou un OPCA de branche
agréé CIF (cas particulier) |
0,10 % maximum seulement pour l'entreprise couverte
par un accord sur le capital de temps de formation | Capital
de temps de formation : - Versement à un Organisme Paritaire Collecteur
Agréé (OPCA) |
Source
: Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
L'employeur
de salariés sous contrat à durée déterminée
est en plus assujetti à une contribution particulière de 1 % calculée
sur les rémunérations versées à ces salariés
Le
plan de formation de l'entreprise
Un employeur peut s'acquitter
de sa participation à la formation professionnelle continue en organisant
lui-même des stages de formation à destination de son personnel.
Les actions de formation organisées par l'entreprise peuvent être
internes ou externes. Elle sont dites internes quand l'entreprise arrête
la conception du stage, conserve la maîtrise directe de son organisation
pédagogique et de son déroulement matériel ; elles sont dites
externes quand l'entreprise recherche sur le marché de la formation l'organisme
susceptible de répondre à ses objectifs.
Dans les deux
cas l'entreprise supporte des dépenses qui sont déductibles de sa
participation : rémunérations du personnel enseignant et des stagiaires,
frais de fournitures, éventuelles dépenses de matériel ou
d'équipement, frais de transport et d'hébergement si le stage a
lieu à l'extérieur de l'entreprise.
L'élaboration
du plan de formation de l'entreprise est sous la responsabilité de l'employeur.
Il peut contenir :
- des actions de formation décidées
par l'employeur ;
- des actions de formation demandées
individuellement par des salariés et retenus par l'employeur ;
- des
actions de formation proposées par les représentants du personnel
et retenues par l'employeur.
Le départ en
formation dans le cadre du plan est assimilé par la loi à l'accomplissement
d'une mission professionnelle : la formation n'est donc qu'une façon particulière
d'accomplir le travail défini par le contrat ; le lien de subordination
avec l'employeur est pleinement maintenu. En contrepartie de ce lien sont également
maintenues toutes les obligations de l'employeur : rémunération,
couverture sociale, prise en charge des frais occasionnés par la stage...
Il est cependant possible de contrevenir à ces obligations légales
en le prévoyant contractuellement avant le départ en formation :
l'employeur peut ainsi prévoir un remboursement du coût de la formation
par un salarié si celui-ci ne reste pas dans la société pendant
une certaine durée prévue à l'avance (clause de dédit
formation).
La formation étant assimilée
à l'exécution normale du travail du salarié, l'employeur
peut, à tout moment, décider d'envoyer quelqu'un en stage sans qu'il
y ait possibilité de refus de la part du salarié. Un éventuel
refus étant constitutif d'une faute professionnelle, il peut conduire à
un licenciement ayant une cause réelle et sérieuse. Le motif du
caractère réel et sérieux du licenciement reste toutefois
soumis au contrôle du juge. Selon une jurisprudence constante, "dès
lors que le départ en formation constitue une modification temporelle et
donc accessoire du contrat de travail, tout refus d'accomplir sa mission professionnelle
s'analyse comme une faute disciplinaire qui peut légitimer le licenciement".

2.
Le congé de formation
Le congé
individuel de formation
L'article L 931-1 du code du travail
définit le droit au congé individuel de formation comme ayant "pour
objet de permettre à tout salarié, au cours de sa vie professionnelle
de suivre, à son initiative et à titre individuel, des actions de
formation indépendamment de sa participation aux stages compris dans le
plan de formation de l'entreprise dans laquelle il exerce son activité".
Le
salarié choisit librement le stage qu'il souhaite suivre. Ce stage n'a
pas obligatoirement un caractère professionnel. S'il a un caractère
professionnel, il peut le préparer ou non à un métier ou
à une fonction correspondant à la branche professionnelle où
exerce le salarié. S'il n'a pas un caractère professionnel (c'est
un à dire un caractère uniquement culturel) il doit cependant répondre
à l'une des catégories suivantes mentionnées par le Code
du Travail :
- acquisition, entretien ou perfectionnement
des connaissances ;
- promotion (acquisition d'une qualification
plus élevée) ;
- prévention (réduction
des risques d'adaptation aux nouvelles nécessités du travail).
Depuis 1990 (loi du 4 juillet) le congé individuel
de formation peut être pris dans le cadre du crédit formation des
salariés qui donne à chaque salarié :
- un
droit à l'élaboration d'un bilan de compétence et d'un projet
personnalisé de parcours de formation ;
- à la
prise en charge en tout ou partie de cette formation.
Lorsque
le salarié remplit un certain nombre de conditions (notamment d'ancienneté
: 24 mois dans la même branche professionnelle dont 6 mois dans l'entreprise)
il doit déposer une demande d'autorisation d'absence auprès de son
employeur et une demande de prise en charge de sa rémunération auprès
de l'organisme paritaire dont il dépend. L'employeur dispose d'un délai
de 10 jours pour faire une réponse motivée au salarié. Il
ne peut refuser la formation car celle ci est un droit expressément accordé
par la loi ; il peut toutefois différer le départ de son salarié
si ce départ devait perturber la bonne marche de l'entreprise.
Pendant
le congé individuel de formation, le contrat de travail n'est pas rompu
; ses effets entre les parties sont simplement suspendus. Le salarié n'est
donc plus soumis au lien de subordination qui découle de son contrat et
l'employeur n'est plus tenu de le rémunérer. Il continue toutefois
à produire certains droits pour le salarié :
- le
temps de formation est assimilé à un temps de travail effectif pour
le calcul des congés payés et de ses droits à l'ancienneté
;
- la durée de formation ne peut être
imputée sur le temps des congés payés annuels ;
- toutes
les primes rattachables à l'ancienneté (vacances, rendement, bilan,
13e mois...) restent dues par l'employeur ;
- maintien des
droits d'exercice de tous les mandats électifs (délégués
du personnel, membre du CHSCT...) dont dispose le salarié ;
- maintien
au droit à tous les autres congés dont pourrait disposer le salarié
dans l'entreprise (congé de formation syndicale, autorisation d'absence
pour participation à un jury d'examen, congé enseignement...).
Le
bilan de compétences
Il a pour objet d'analyser ses
compétences, ses aptitudes et motivations afin d'élaborer un projet
professionnel ou un projet de formation. Il peut être fait à l'initiative
du salarié ou de l'employeur. Le salarié peut prendre l'initiative
de suivre un bilan de compétences dans le cadre d'un congé lorsqu'il
remplit les conditions suivantes :
- justifier
d'une ancienneté de 5 ans au moins en tant que salarié, dont 12
mois minimum dans l'entreprise où il fait sa demande ;
- respecter
un délai de franchise s'il a déjà bénéficié
d'un congé de bilan de compétences : ce délai est fixé
à 5 ans. Toutefois, il ne s'applique pas en cas de changement d'employeur
depuis le précédent bilan.
Le salarié
doit faire la demande de ce congé à son employeur en indiquant la
durée (24H au maximum) et l'organisme prestataire. Le bilan de compétences
peut aussi se dérouler en dehors du temps de travail. Dans ce cas, il est
inutile d'adresser une demande d'autorisation d'absence.
C'est
au salarié d'adresser une demande de financement à l'organisme paritaire
collecteur agréé au titre du congé individuel de formation
(CIF) dont relève l'entreprise. Cet organisme peut - après instruction
de la demande - prendre en charge tout ou partie du coût de la prestation
de bilan de compétences ainsi que la rémunération du salarié
pendant la durée du congé.
Le bilan de compétences
peut aussi se dérouler dans le cadre du plan de formation. Dans ce cas
l'employeur peut le proposer au salarié mais ne peut lui imposer. Le salarié
dispose de 10 jours pour se prononcer. Son absence de réponse équivaut
à un refus, lequel ne peut être un motif de sanction ou de licenciement.
Les résultats du bilan ne peuvent être communiqués à
l'employeur sans l'accord exprès du salarié.
La
validation des acquis de l'expérience
Elle permet d'obtenir
un diplôme, un titre ou un certificat de qualification en faisant valider
les acquis de son expérience professionnelle ou bénévole.
Il faut avoir exercé une activité professionnelle ou bénévole
en rapport direct avec la certification visée pendant 3 ans au minimum.
La VAE permet d'obtenir différents titres :
- diplômes
technologiques et professionnels de l'Education nationale (CAP, BEP, Bac pro,
BTS) ou délivrés par les ministères chargés de l'agriculture,
des sports, de l'enseignement supérieur (dont les diplômes d'ingénieur)
;
- titres professionnels du ministère chargé
de l'emploi - anciennement " certificats de formation professionnels "
- qui attestent de la maîtrise des compétences, aptitudes et connaissances
nécessaires à l'exercice d'une activité professionnelle qualifiée)
;
- titres professionnels délivrés par les organismes
de formation ou les chambres consulaires ;
- certificats
de qualification professionnelle figurant sur une liste établie par la
commission paritaire nationale de l'emploi (CPNE) d'une branche professionnelle.
Le salarié peut faire valider ses acquis dans le cadre du plan de
formation de l'entreprise. Un décret paru au Journal Officiel du 16 décembre
2002 permet la prise en charge par les employeurs des frais afférents à
la VAE au titre du plan de formation du salarié. La mise en uvre
de l'action de VAE se fait par la signature d'une convention entre l'employeur,
l'organisme chargé de la VAE et le salarié. Pendant les actions
de VAE, le bénéficiaire conserve son statut de salarié. Il
peut également demander un congé spécifique : le congé
pour validation des acquis de l'expérience.
La
demande de VAE doit être adressée à l'autorité ou à
l'organisme qui délivre la certification. Il doit préciser le diplôme,
le titre ou le certificat de qualification visé, ainsi que son statut (salarié,
demandeur d'emploi
) au moment de la demande. Celle-ci est accompagnée
d'un dossier qui comporte notamment les documents justificatifs des expériences
acquises et de leur durée (certificats de travail
), les attestations
des formations suivies et des diplômes obtenus précédemment.
Un entretien est ensuite mené sur la base du dossier déposé
par le candidat. Le jury, dépendant de la validation demandée, décide
de l'attribution totale ou partielle, ou du refus, de la certification.

3.Pour
aller plus loin...
Sites
http://www.travail.gouv.fr/infos_pratiques/infos_e.html
Toute la réglementation de la formation professionnelle du point de vue
du salarié comme de l'employeur.
http://www.centre-inffo.fr/v2/dispositif/
Une synthèse du système de formation, initiale et continue en France,
de nombreux schémas.
http://www.formatel.com/
Le portail de la formation professionnelle.
Ouvrages
Titre |
Editeur |
Auteur |
Année |
La formation professionnelle |
Gallimard | P.
Santelman | 2001 |
La
formation professionnelle continue |
La Découverte. Repères | C.
Dubar | 2000 |