La rupture du
contrat de travail
1. La démission
La manifestation de la volonté
Le respect du préavis
La démission irréfléchie
2. Le licenciement pour motif personnel
Un motif réel et sérieux
La qualification et le contrôle de la faute
La procédure de licenciement
3. Le licenciement économique et
le PARE
Un motif réel et sérieux
La procédure de licenciement économique
4. Lindemnisation du licenciement
Lindemnité de licenciement
Lindemnité compensatrice de congés payés
Lindemnité contractuelle
5. Le contrôle du licenciement
Le contrôle prudhomal
Le contrôle administratif
6. Pour aller plus loin...
Webographie et bibliographie
La démission est une forme de rupture du contrat de travail
à linitiative du salarié.
Le salarié doit manifester clairement sa volonté de résilier
le contrat de travail. Cet acte juridique peut prendre la forme d'une
lettre qui doit refléter une volonté claire et non équivoque de
démissionner. Les tribunaux refusent d'analyser comme une démission,
l'absence sans nouvelles.
Le préavis est le délai que doit respecter le salarié lors
de sa démission avant son départ effectif de l'entreprise. La durée
de ce préavis n'est pas fixée par la loi (sauf pour certaines professions
comme les VRP ou les journalistes) mais par les conventions collectives,
les usages ou le contrat de travail. L'employeur peut autoriser le salarié
à ne pas exécuter son préavis après une demande écrite de la part de
ce dernier. Dans ce cas il devra lui verser une indemnité compensatrice
de préavis.
Est considérée comme "démission irréfléchie" celle
prise lorsque la volonté du salarié n'est pas clairement établie en
raison d'un coup de colère, d'une émotion violente ou d'une violence
(morale) exercée par l'employeur. Dans la plupart de ces cas les tribunaux
jugent que la démission n'est pas valable car elle ne résulte pas « d'une
volonté formelle exprimée d'une manière réfléchie et en pleine lucidité ».

Le licenciement pour motif personnel est lexercice
du droit de résiliation du contrat par lemployeur pour un motif
directement lié à la personne ou à lattitude du salarié : la faute
professionnelle.
Un motif réel est un motif dont l'existence peut être
prouvée. Un motif sérieux est celui qui justifie dune sanction
de licenciement. Il est apprécié au regard du trouble quentraînerait
le maintien du salarié dans lentreprise.
1 - La qualification
Cest à lemployeur détablir la gravité
de la faute. La faute légère ne peut justifier quune sanction
disciplinaire légère mais pas le licenciement, la faute sérieuse le
permet. La faute grave justifie un licenciement et prive le salarié
de son indemnité de licenciement et du préavis. La faute lourde est
caractérisée par l'intention de nuire : vol, coups et blessures,
concurrence à l'employeur
Elle le prive également de son indemnité
de congés payés pour la période de référence en cours, et peut engager
sa responsabilité civile.
2 - Le contrôle par le juge
L'appréciation de la cause réelle et sérieuse du licenciement
est laissée au juge des prudhommes. S'il subsiste un doute celui-ci
doit être profitable au salarié.
- Dans les entreprises de une à dix personnes et/ou
dont les salariés comptent moins de deux ans d'ancienneté, le salarié
qui s'estime injustement licencié doit apporter la preuve du préjudice
quil a subi.
- Dans les entreprises de plus de dix salariés
et pour les salariés ayant au moins deux ans d'ancienneté, différentes
sanctions peuvent être prononcées par le juge. La réintégration du
salarié est rarement prononcée. Le juge accorde donc en principe
une indemnité pour licenciement abusif. Lemployeur sera également
condamné au remboursement des allocations de chômage dans la limite
de six mois d'allocations. Ce remboursement sera fait au profit de
l'ASSEDIC.
La procédure de licenciement
Une procédure de licenciement relativement complexe
a été instaurée pour protéger la dignité du salarié. Elle prévoit une
succession détapes obligatoires :
1 - La convocation à lentretien
L'employeur doit convoquer l'intéressé pour un entretien.
La lettre recommandée (ou remise en main propre contre signature) doit
indiquer l'objet de l'entretien, léventualité dune rupture
du contrat de travail, la date, l'heure et le lieu de l'entretien ainsi
que la possibilité de se faire assister d'une personne de son choix
appartenant à l'entreprise. Lassistance par un conseiller extérieur
à lentreprise, figurant sur une liste officielle est possible
sil ny a pas de représentant du personnel dans lentreprise.
2 - Lentretien
Il a uniquement pour objet d'indiquer les motifs du licenciement
envisagé et de recueillir les explications du salarié. Il ne peut être
notifié de licenciement au salarié à cette étape. Il a lieu pendant
les horaires et sur le lieu de travail. Le refus du salarié de se présenter
à cet entretien ne modifie pas la suite de la procédure.
3 - La notification du licenciement
Elle ne peut intervenir quaprès un délai dun
jour franc suivant lentretien (si lentretien a eu lieu le
lundi, la lettre ne peut être expédiée avant le mercredi matin) et au
plus tard un mois après. Ce délai est destiné à la prise de décision.
La notification doit être faite sous forme dune lettre recommandée
ou remise en main propre contre signature et doit toujours indiquer
le ou les motifs du licenciement. Selon la Cour de cassation absence
d'énonciation d'un motif précis équivaut à une absence de motif et rend
le licenciement sans cause réelle et sérieuse.
4 - Le préavis et le départ du salarié
La notification par lettre recommandée marque le point
de départ du préavis. Il doit être accordé au salarié dans tous les
cas autre qu'un licenciement pour faute grave ou lourde. Il est en principe
d'un mois pour une ancienneté comprise entre six mois et deux ans et
de deux mois au delà de deux ans d'ancienneté. Pendant le préavis, les
usages accordent au salarié un droit à deux heures quotidiennes rémunérées
pour rechercher un emploi.
5 - Le départ du salarié
Au moment du départ lemployeur doit remettre au
salarié un certificat de travail. Ce certificat ne peut contenir aucune
mention susceptible de porter préjudice au (par exemple la raison de
son licenciement s'il s'agit d'une faute. Il remet également
le reçu pour solde de tout compte. Celui ci est couvert de la signature
du salarié précédée de la mention manuscrite "reçu pour solde de
tout compte". Le reçu pour solde de tout compte est devenu
un simple document facultatif sans effet libératoire pour l'employeur.
Son effet juridique est celui d'un simple reçu des sommes qui
y figurent expressément. Antérieurement, le reçu
pour solde de tout compte avait un effet libératoire pour tous
les éléments de rémunération qui y étaient
mentionnées au terme d'un délai de deux mois. Le salarié
doit aussi recevoir son attestation ASSEDIC qui va lui permettre de
faire valoir ses droits aux prestations d'assurance chômage.

L'article L 321-1 du Code du travail définit le licenciement
économique comme celui justifié par des considérations d'ordre économique
qui ne tiennent pas à la personne des travailleurs concernés. Il résulte
d'une suppression ou d'une transformation d'emploi entraînant une modification
substantielle du contrat de travail. Cette modification peut être due
à des difficultés économiques (perte dun client important par
exemple) ou d'une mutation technologique (installation d'une chaîne
automatisée).
Le licenciement économique doit reposer sur un motif réel
et sérieux. Pour être réel le motif économique doit être objectif et
mesurable ; pour être sérieux la suppression de l'emploi doit être justifiée.
La Cour de Cassation admet que la preuve de la cause réelle et sérieuse
est rapportée, dès quil est établi que la réorganisation de lentreprise
est impérative pour la sauvegarde de sa compétitivité ou du secteur
dactivité auquel elle appartient. A linverse elle refuse
comme motif la seule volonté pour une entreprise de réaliser des économies
ou des bénéfices plus importants.
La suppression de postes pour motif économique nempêche
pas lembauche concomitante à condition toutefois que les nouveaux
embauchés aient des qualifications différentes de celles des salariés
licenciés. Il est ainsi parfaitement légal de supprimer un poste dencadrement
tout en embauchant parallèlement des employés de qualification inférieure.
Avant de prendre une décision de licencier pour motif
économique l'employeur est tenu de tout mettre en uvre
pour former, adapter ou reclasser les salariés. La procédure
de licenciement pour motif économique varie en fonction du nombre
de salariés touchés par la mesure. La convention de conversion
n'existe plus.
Le licenciement pour motif économique individuel
et celui concernant moins de 10 salariés sur une période
de 30 jours suivent la même procédure. En cas de licenciement
économique collectif, l'employeur doit convoquer les représentants
du personnel et leur remettre un document écrit qui précise
l'effectif total de l'entreprise, les raisons du licenciement, le nombre,
les critères de choix des salariés susceptibles d'être
licenciés et la date des licenciements. Ils doivent émettre
un avis sur le projet de licenciement et sur les mesures d'accompagnement.
Le salarié doit être convoqué à
un entretien préalable de licenciement qui doit avoir lieu avant
l'envoi de la lettre de licenciement. L'employeur doit, au cours de
cet entretien proposer au salarié de bénéficier,
au cours de son préavis, des prestations d'aide au retour à
l'emploi mises en uvre par l'ANPE ou dans les entreprises d'au
moins 1000 salariés, d'un congé de reclassement. La lettre
de licenciement doit préciser les motifs économiques,
la proposition relative aux prestations d'aide au retour à l'emploi
ou au congé de reclassement ainsi que l'existence d'une priorité
de réembauchage valable 1 an. Le salarié peut refuser
ce plan d'aide au retour à l'emploi (PARE).
Pour les licenciements de 10 salariés et
plus sur une période de 30 jours l'employeur doit suivre une
procédure particulière.
- Dans les entreprises de moins de 50 salariés,
l'employeur informe les délégués du personnel
du projet de licenciement. Les délégués du personnel
émettent un avis sur le projet de licenciement collectif et
sur mesures d'accompagnement envisagées.
- Dans les entreprises de 50 salariés et
plus, l'élaboration d'un plan de sauvegarde de l'emploi est
obligatoire. Ce plan a pour but d'éviter les licenciements,
d'en limiter le nombre ou de faciliter le reclassement du personnel
dont le licenciement ne peut être évité. L'information
et la consultation du comité d'entreprise doivent être
organisées sur le projet de restructuration et de compression
d'effectif et sur les aspects pratique du projet (motif économique
des licenciements, nombre de salariés concernés, catégories
professionnelles concernées et critères pour établir
l'ordre des licenciements, le calendrier prévisionnel des licenciements)
et de plan de sauvegarde de l'emploi. La consultation a lieu au cours
de deux réunions espacées d'un délai qui varie
selon l'importance des licenciements.
La procédure se poursuit par l'envoi de la lettre
de licenciement qui contient les mêmes éléments
que celle des " petits " licenciements.
Le PARE doit être proposé aux salariés
dont l'emploi est supprimé dans le cadre d'un licenciement économique
ou qui refusent de bénéficier du congé de reclassement
proposé par l'employeur. L'objectif du PARE est de permettre
aux salariés de bénéficier, dès le préavis,
des mesures proposées par l'ANPE pour favoriser le retour à
l'emploi : entretien individuel, bilan de compétences, offres
d'emploi et éventuellement actions de formations.
Le bénéficiaire des prestations du
PARE pendant le préavis (pré-PARE) reste salarié
de l'entreprise : le préavis s'exécute normalement et
la rémunération continue d'être versée. Ce
temps s'ajoute aux heures de recherche d'emploi dont bénéficient
les salariés en application de la convention collective, de l'accord
collectif ou de l'usage.
Le salarié licencié a droit à diverses indemnités. Elles
protègent aussi, dans une certaine mesure, les salariés les plus âgés
car elles sont calculées sur lancienneté.
Elle est versée pour tous les licenciements exceptés ceux
prononcés pour faute grave ou pour faute lourde. Elle concerne les salariés
ayant au moins deux années d'ancienneté ininterrompue dans l'entreprise.
L'indemnité légale minimum est égale à 1/10è du salaire mensuel de référence
par année d'ancienneté jusqu'à 10 ans (pour un salaire de 1200 € et
une ancienneté de 5 ans, l'indemnité de licenciement due est donc de
120 € X 5 = 600 €) auquel s'ajoute 1/15è du salaire mensuel de référence
par année de présence au-delà de 10 ans. En cas de licenciement pour
motif économique, le taux de l'indemnité minimum légale est de 1/5è
de mois de salaire par année d'ancienneté jusqu'à 10 ans (si on reprend
l'exemple précédant, indemnité due égale à 1200 €), et de 1/5ème de
mois de salaire auquel s'ajoute 2/15è de mois de salaire (soit 1/3 au
total) par année d'ancienneté au-delà de 10 ans. Les conventions collectives
ou le contrat de travail peuvent prévoir des sommes supérieures.
Elle est versée lorsque la rupture du contrat intervient
avant que le salarié licencié ait pu prendre tous ses congés payés.
Elle se calcule de la même façon que l'indemnité de congés payés.
Le contrat de travail peut prévoir des indemnités de licenciement
bien supérieures à celles du Code du Travail, en particulier pour les
cadres supérieurs ou cadres dirigeants. Ces indemnités restent licites
tant quelles ne portent pas atteinte à la faculté de résiliation
du contrat que détient lemployeur. Elles peuvent donc être
réduites par un juge si celui ci estime quelles sont manifestement
excessives et quelles empêchent le licenciement au regard des
capacités financières de lentreprise.

Les litiges concernant le licenciement sont nombreux.
Cest le Conseil des Prudhommes qui est chargé de le contrôler,
a posteriori. Peuvent parfois intervenir le juge administratif et le
juge pénal.
Le contrôle du Conseil des Prudhommes porte sur
deux points : labsence de cause réelle et sérieuse et le non respect
de la procédure. Pour un licenciement personnel, le juge vérifie le
motif réel et sérieux ainsi que le respect des différentes étapes de
la procédure. Pour le licenciement économique, le contrôle est plus
complexe surtout si celui-ci est collectif. En effet, si le juge peut
être amené à évaluer la cause économique, son contrôle portera plus
souvent sur la pertinence du plan social proposé par lemployeur.
Si celui-ci est déclaré insuffisant, voire nul, il peut décider de la
réintégration des salariés.
Il est très peu fréquent aujourdhui, la loi ayant
supprimé lautorisation administrative de licenciement en 1986.
Il subsiste toutefois pour les salariés protégés (représentants élus
du personnel) pour lesquels il faut une autorisation de linspection
du travail pour procéder à un licenciement.

6. Pour aller plus
loin...
Sites
http://vosdroits.service-public.fr/ARBO/050207-NXTRA600.html
Lexamen de nombreuses questions en matière de licenciement.
http://vosdroits.service-public.fr/ARBO/05020703-NXTRA602.html
Le licenciement économique.
http://sos-net.eu.org/travail/
:
Une documentation très complète sur les différentes causes de rupture
du contrat de travail.
http://www.tripalium.com/chiffres/chiffre14.htm :
Les indemnités de licenciement.
Ouvrages
Titre
|
Editeur |
Auteur |
Année |
Le contrat de
travail |
Dalloz Sirey
|
F. Gaudu |
1996 |
Le contrat de
travail |
Marabout |
J-P
Perrin |
2003 |
Employeurs,
salariés : tout savoir sur le contrat de travail |
Vuibert Guid'utile |
C. Oppici |
2002 |
Le pouvoir disciplinaire
de l'employeur |
Economica Collection
Droit social pratique poche |
C. Puigelier |
|
La personne et le
droit du travai |
Panthéon
Assas |
Champeno |
1999 |
La rupture du contrat
de travail |
Assemblée
Nationale |
|
2002 |